languageالعربية

Walid Majri : L'Etat n'a pas pu récupérer l'argent spolié

Le parquet du Pôle judiciaire financier et économique a annoncé, le 12 septembre, l'ouverture d'une enquête dans l’affaire dite des “Panama Papers“, liée à la fraude dans les paradis fiscaux.

Les investigations, en cours, ont été confiées à un juge d’instruction du Pôle cité.

Dans ce contexte, le journaliste d'investigation et directeur du site "Al-Katiba", Walid Mejri, était l’invité de Midi Show, , ce jeudi 14 septembre 2023, pour parler du sujet.

Il, ainsi, souligné que l'Etat a échoué à récupérer l'argent spolié, affirmant que cela constitue une preuve que l'État est toujours sous l'emprise de parties corrompues et impliquées directement avec ceux disposant de fonds à l'étranger, dont certains faisaient partie des législateurs qui contrôlaient plusieurs secteurs vitaux.


Majri a, également, rappelé que le parquet avait déjà autorisé l'ouverture d'une enquête sur une série de crimes présumés, tels que le blanchiment d'argent et la violation de la loi sur les changes.

"En 2016, une affaire a été transférée au Pôle financier, qui avait à son tour examiné en 2015 l'affaire "SwissLeaks", sans résultats significatifs, selon ses dires.

Majri a poursuivi que le processus judiciaire, dans de tels cas, se déroule sur deux étapes.

"En premier lieu, les données sont collectées en Tunisie, y compris ce qui a été publié dans les médias, étant donné que c'est la base de la plainte. Ensuite intervient l'audition des témoins oculaires, s'ils sont disponibles, puis une consultation des données bancaires disponibles en Tunisie et à l'étranger est effectuée. Les données collectées sont soumises à une analyse juridique pour déterminer si elles sont suffisantes pour une condamnation en vertu de la loi.

Le directeur du site "Al-Katiba" a, par ailleurs, fait savoir qu'il a été informé, de manière informelle, qu'à ce jour, aucune des parties impliquées dans ladite affaire n'a été entendue.

"Je pense que cela s'explique par le fait que l'ancien pouvoir en place tolérait les opérations de blanchiment d'argent et de contrebande", a-t-il noté.

Et d'ajouter : "De plus, des personnalités politiques issues des partis au pouvoir étaient impliquées dans le trafic de fonds et avaient reçu illégalement des sommes d'argent de l'étranger, dans le cadre de campagnes électorales".

Majri a, dans ce sens, affirmé que ce n'est pas un secret, soulignant que le président de la République était au courant, ce qui explique sa fermeté à cet égard.

Rappelons que le 3 avril 2016, l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ), en collaboration avec plus de 80 médias dans le monde, a révélé l’existence de millions de documents mettant à nu des pratiques d’évasion fiscale, orchestrée par le cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, ayant éclaboussé de nombreux hommes politiques et des célébrités dans le monde entier.
 
Des avocats d'affaires tunisiens, des hommes politiques font partie de la liste tunisienne, comme d’anciens responsables politiques ou gouvernementaux ou encore le propriétaire d’un média», avait révélé le site d'investigation Inkyfada.

Que signifie l'affaire Panama Papers ?

Le nom Panama Papers se rapporte à l’affaire Pentagon Papers, à propos des révélations sur la politique américaine durant la guerre du Vietnam,  qui a défrayé la chronique en 1971.
 Le mécanisme d’évasion fiscale, révélé par les Panama Papers, repose sur la création de sociétés offshore, utilisées comme écran, par le cabinet d’avocats Mossack Fonseca. Les onze millions de documents transmis à la presse par le lanceur d'alerte révèlent l’existence de plus de 214 000 sociétés offshore.

Dans plus de quarante pays, des hommes d’affaires et des célébrités sont concernés par le montage de mécanismes d’évasion fiscale. Dans six pays, les chefs d’État ou les membres du gouvernement sont directement impliqués par les Panama Papers : le roi d’Arabie Saoudite, les présidents des Émirats Arabes Unis, de l’Argentine, d’Ukraine. Le Premier ministre islandais, Sigmundur Davio Gunnlaugsso, impliqué par les Panama papers, a ainsi été contraint de démissionner.

Les documents du cabinet d'avocats font aussi apparaître les noms d'une vingtaine de joueurs vedettes, évoluant notamment à Barcelone, au Real Madrid ou encore à Manchester United. Parmi eux le multiple ballon d'or Lionel Messi. Avec son père, ce dernier serait propriétaire d'une compagnie au Panama, dont la mention apparaît pour la première fois dans les documents de Mossack Fonseca le 13 juin 2013, le lendemain de leur mise en examen pour fraude fiscale en Espagne.


 Michel Platini aurait, lui, eu recours aux services du même cabinet d'avocats en 2007, l'année où il été désigné président de l'UEFA, pour administrer une société au Panama.


 Il a été renvoyé vers "l'administration fiscale suisse, pays dont il est résident fiscal depuis 2007". Outre le football, d'autres sports comme le hockey et le golf sont aussi concernés.

share